Manifeste pour la paix civile

Il y a un an, la France connaissait une mobilisation sans précédent pour le réveil des consciences, pour dire au président de la République et au gouvernement l’opposition d’une partie des citoyens de notre pays à un projet de loi qui, au motif d’égalité, dénaturait le mariage et l’adoption, et rendait ultérieurement probable l’accès à la PMA et à la GPA pour les couples de personnes de même sexe, en négation de l’intérêt supérieur de l’enfant.

Au terme d’un processus législatif qui restera dans notre histoire nationale comme une caricature, la loi « mariage et adoption pour tous » est devenue loi de la République. Mais les conditions même de son adoption l’ont rendue illégitime aux yeux de nombreux Français qui considèrent que ce qu’une loi a fait, une autre loi devra le défaire.

Depuis la promulgation de la loi Taubira, l’Assemblée a fait sauter un dispositif essentiel de la loi Veil contribuant à ignorer la détresse et ramener l’avortement à une simple pratique contraceptive. Dans quelques semaines, à la faveur d’un débat parlementaire sur la famille, une partie de la majorité entend bien contraindre le gouvernement à légiférer sur l’accès des couples de personnes de même sexe à la PMA et à la GPA. Enfin, le président de la République maintient son projet d’évolution de la législation sur la fin de vie, qui pourrait ouvrir une brèche irréversible dans l’interdit de tuer.

Ainsi, loin de contribuer à un quelconque apaisement, le gouvernement continue de diviser profondément le pays, donnant par ailleurs le sentiment, au travers de différentes mesures de nature fiscale, de vouloir faire « supporter » aux familles le coût de la lutte contre la pauvreté, sans se rendre compte que la fragilisation même des familles – de toutes les familles – est devenue une cause majeure de la précarisation et de l’accroissement de toutes les misères.

DES IDÉOLOGIES TEINTÉES DE DOGMATISME

Depuis le début de l’année 2014, deux manifestations nationales ont déjà battu le pavé parisien, l’une à l’initiative de la Marche pour la vie prônant de supprimer la loi Veil, l’autre, du collectif Jour de colère, exigeant le départ de François Hollande. Le 2 février prochain à Paris et Lyon, les héritiers de la Manif pour tous entraîneront un certains nombre de personnes de bonnes volontés pour dire leur opposition à la politique « anti-famille » du gouvernement et réclamer l’abolition de la loi sur le mariage pour tous, après avoir demandé celle de l’avortement.

Des manifestations qui, succédant aux mobilisations unitaires et millionnaires de 2013, se caractérisent désormais par leur morcellement, leur radicalisation idéologique et leur confusion, les mêmes activistes se retrouvant parfois dans l’un et l’autre cortège, comptant sur les plus modérés pour « blanchir » des idéologies teintées de dogmatisme, ennemies du personnalisme.

Combien d’autres manifestations suivront au cours des prochains mois, étant peu probable que le gouvernement donne satisfaction à ces revendications, mais au contraire en profite ?

Dans le même temps, le mouvement laïc et citoyen qui avait fait la force des mobilisations de 2013 est battu en brèche, alors même qu’il est sans doute garant du socle républicain qui fédère une large majorité de Français : retour à la loi de 1975 pour refuser la banalisation de l’avortement en reconnaissant la détresse des femmes ; maintien du droit d’union aux couples de personnes de même sexe, distinct du mariage et préservant le droit des enfants, à naître ou à être adoptés, à bénéficier d’une filiation paternelle et maternelle ; appel à la concertation et au débat avant toute adoption de nouvelles dispositions sur la fin de vie.

Curieusement cette attitude de responsabilité se heurte à la fois à la volonté délibérée de la gauche de faire oublier par un durcissement idéologique sur les débats de société, son échec économique et social ; au goût des médias pour les affrontements violents et manichéens ; à l’illusion du clergé de préserver par son silence un semblant d’unité parmi ses fidèles.

C’est pourquoi, à la veille de la manifestation du 2 février, nous, sous-signés, manifestants et sympathisants de 2013, issus de la société civile, dans la diversité de nos sensibilités politiques, religieuses et philosophiques, de nos responsabilités citoyennes et de nos engagements pluriels,

APPELONS :

Le gouvernement à retrouver le sens du bien commun qui passe par la préférence donnée aux droits des personnes et à la cohésion, sur les revendications des individus, destructrices de lien social.

Les chrétiens à préférer le chemin de la rencontre, du dialogue exigeant et du débat citoyen à l’enfermement communautariste, aux mobilisations de rue et à la tentation de s’ériger en contre-culture.

Les autorités morales et religieuses à sortir de l’ambiguïté et du silence pour déjouer les amalgames qui assimilent les croyants à des adversaires de la légalité républicaine.

Les candidats aux futures échéances électorales à signifier clairement à leurs électeurs, la nature de leurs choix sur ces grands débats de société.

Les citoyens de notre pays à comprendre que toute question posée par des hommes et des femmes libres, à ce gouvernement comme à la société, ne sont pas des questions contre ce gouvernement et cette société, mais au service de la volonté de vivre ensemble dans la paix sociale, le respect des différences, la bienveillance et le souci du bien commun.

Frigide Barjot, présidente de L’Avenir pour Tous
René Poujol, journaliste, blogueur
Antoine Renard, président de la Fédération des AFC Européenne
Henri Joyeux, ancien président de Familles de France
Georges Coste, président de l’Union des Familles en Europe
Laurence Tcheng, porte-parole de L’Avenir pour Tous, La Gauche Vitale
Xavier Bongibault, porte-parole de L’Avenir pour Tous, Gays Pour La Vie
Nathalie de Williencourt, présidente d’Homovox
Jean Baptiste Maillard, cofondateur d’Homovox
Marie Pette, Collectif Les voix de l’Adoption
Géraldine Chamussy, porte parole de L’Avenir pour Tous, La Droite Humaine
Marie-Ségolène Loyzeau
, mère de famille
Fix Richard, conseiller en communication
Béatrix Mérouze, mère de famille
Jean-François Iung, architecte
Pierre Chomonerie, père de famille

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