«Près de nous, un couple de garçons se tenant gentiment par la main s’est fait applaudir»

Mon 13 janvier à moi a commencé la veille, avec l’arrivée de Colette 68 ans, Géraldine 45 ans, Geneviève 70 ans et Laurent 22 ans. Ils sont venus de Haute Garonne avec leur accent chantant, leurs valises pleines d’asperges maison, de confits et de confiture pour dormir chez nous la nuit qui précédait la manif et celle qui suivrait.

Après un dîner un peu trop «Picard», on a passé la soirée à bricoler des pancartes avec les slogans autorisés. Vaste rigolade et haut taux de décibel : les gens du sud, ça parle bien plus fort que les gens du nord. J’ai finis pas réussir à les coucher à 23 heures.

Le lendemain, on a pris le départ munies chacun d’un sac à dos plein de barres vitaminées, chocolats, mini-tomates mais avec très peu d’eau because … on ne pourrait pas faire pipi ! En arrivant sur les lieux, des jeunes gens en jaune ont bien vérifié qu’on n’avait que nos pancartes étaient clean et nous ont donné des petits drapeaux.

Dès le départ de la manif (on était les bleus, les plus beaux !), quoique compressés comme des sardines, on était tellement heureux… Tout le monde parlait avec tout le monde, tout le monde était gentil, paisible, ouvert. Près de nous, un couple de garçons se tenant gentiment par la main s’est fait applaudir. On était aussi un brin frondeur : crier « Hollande, marie-toi, après on verra ! (slogan non homologué), nous faisait glisser un doux frisson le long de l’échine.

Le moment le plus émouvant pour moi fut la descente de l’avenue du président Wilson : un très vieux couple était à sa fenêtre. Les manifestants se sont mis à scander «Un bisous ! Un bisous !». Le vieux monsieur a alors déposé un pudique baiser sur le front de sa femme. Et même plusieurs devant nos applaudissements déchaînés !

Arrivés sur le Champs-de-Mars, quel sentiment d’exaltation lorsque le chiffre de 800 000 s’est affiché !

Ensuite, on a attendu un peu et on a bien pataugé dans la gadoue. Nos dames de Haute Garonne avaient bien mal aux pieds ! En rentrant leur préparer une soupe chaude (et des coupes de glace au champagne … Picard), nous avons croisé la longue queue des manifestants qui n’était pas encore arrivés à la tour Eiffel.Des Bretons qui faisaient sacrément du boucan !

Dans le métro, on a remercié bien poliment les agents de la RAPT de s’être mobilisés pour nous. On a dépanné quelques provinciaux qui déchiffraient le plan de métro comme s’il était rédigé en chinois et on est rentrés, heureux et sereins. Avec nos Haut-Garonnais qu’on ne connaissait que de la veille, on s’est tous dit «Que c’est beau d’être Français ! la Fraternité n’est pas un vain mot».

Dominique

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